Avec le programme de modules orbitaux Tiangong, la Chine a appris à vivre, à travailler
dans l'espace. Elle a aussi appris à maîtriser la technologie nécessaire pour construire
et exploiter une station spatiale qui sera mise en service d'ici 2025, voire 2024.
Le premier élément sera lancé en 2020 si Long March 5, seul lanceur capable d'envoyer
des modules aussi lourds en orbite, réussi son retour en vol.
D'une masse de 60 à 70 tonnes, cette station sera dimensionnée pour accueillir des
équipages de trois taïkonautes tous les 3 à 6 mois, ou des équipages de six personnes
pour des périodes plus courtes. Elle est conçue pour une durée de vie d'au moins
10 ans. Elle sera capable de produire 27 kilowatts d'énergie dont 12 seront utilisés
pour les expériences scientifiques. Cette station volera à une altitude moyenne de
400 kilomètres avec un apogée à 450 kilomètres et un périgée de 340 kilomètres, ce
qui est à peu près à la même altitude que la Station spatiale internationale (ISS).
Par contre, son inclinaison à 41 ou 43° sera différente de celle de l'ISS qui est
inclinée de 51,6°.

Un Palais céleste inspiré de MIR
Son architecture sera très différente de celle de l'actuelle ISS. En forme de T,
elle s'inspire plutôt de la station soviétique MIR, désorbitée en 2001 après quinze
années d'utilisation (1986-2001). La station spatiale chinoise comptera 3 modules
principaux, dont Tianhe-1 (Harmony of the Heavens). Ce module long de 18 mètres et
d'une masse au décollage de 22 tonnes sera l'élément central et la pièce maîtresse
de l'ensemble. Il servira de poste de pilotage et de contrôle, et sera utilisé comme
module d'habitation et lieu de travail. Il sera doté de cinq ports d'amarrage, d'un
bras robotique et d'un sas pour sortir dans l'espace. Il sera également équipé de
plateformes externes pour y loger des instruments ou des expériences.
Les deux autres éléments principaux sont les modules Wentian (Quest for the Heavens)
et le Mengtian (Dreaming of the Heavens). De taille et de masse similaires (14 mètres
et 22 tonnes), ils seront amarrés de part et d'autre de Tianhe-1 dans une configuration
en T. Wentian sera équipé d'un bras robotique et d'un sas de sortie tandis que le
Mengtian disposera d'un port d'amarrage.
Enfin, grande particularité, un télescope spatial (module optique) volera à quelques
encablures de la station sur la même orbite afin de faciliter les opérations de maintenance.
Son miroir de deux mètres de diamètre sera légèrement plus petit que celui du télescope
spatial Hubble (2,4 mètres) mais son champ de vision sera bien plus grand. Comme
Hubble lors de sa mise en service, les concepteurs de XunTian (c'est son nom) promettent
de grandes avancées scientifiques. Si nécessaire, il pourra s'amarrer au module CM
pour des opérations de ravitaillement, de maintenance et de remplacement d'instruments.